Si le projet de loi Maudet nous semble aller dans le bon sens, il manque selon nous un élément pour moderniser réellement le statut des chauffeurs professionnels. Le projet crée en effet deux catégories de chauffeurs professionnels, taxi et VTC ; ces deux catégories sont totalement hermétiques. Or, il nous semble important de permettre aux taxis de travailler également comme VTC, afin de placer le chauffeur au coeur du système ; quelques mots d’explication à ce sujet.

Etre chauffeur de taxi, à Genève comme dans beaucoup d’autres villes, est loin d’être une sinécure : il s’agit de l’un des rares métiers où il faut payer, parfois très cher, pour avoir le droit de travailler. Le système des centrales de taxi monopolistiques, et leurs contrats exclusifs, empêchent les chauffeurs de taxis de diversifier leurs sources de revenus. Il en résulte une situation de dépendance qui n’est profitable ni aux consommateurs (qui subissent les prix), ni aux chauffeurs (qui subissent les conditions de la centrale).

Mais ce n’est pas tout. Les nouvelles technologies permettent désormais la mise en relation directe, immédiate, entre la demande et le besoin de transport ; s’il est une chose que révèle le succès fulgurant des applications de mobilité, c’est bien que la demande de mobilité connaît une croissance exponentielle. Or, les chauffeurs de taxi traditionnels ne disposent pas des outils nécessaires pour avoir accès à cette demande et développer leur chiffre d’affaires. On privilégie l’argent liquide plutôt que les paiements dématérialisés, c’est le client qui doit marcher vers la borne plutôt que le taxi qui va chercher son client, les tarifs sont élevés, et surtout les milliers de gens qui réservent une voiture via quelques clics sur leurs smartphones sont tout simplement hors de portée des taxis!

Chez Uber, les chauffeurs sont nos clients: le succès de l’application dépend pour beaucoup du nombre de chauffeurs qui l’utilise chaque jour et partant, des conditions que leur offre Uber. S’il ne nous appartient pas de moderniser le mode de fonctionnement des taxis genevois, nous pouvons cependant leur ouvrir l’accès à la plateforme Uber, leur permettre de répondre aux milliers de demandes de courses formulées via l’application. Nous avons autant besoin de chauffeurs que les taxis genevois ont besoin de courses : nous avons donc tout à gagner à travailler ensemble.

C’est pourquoi nous avons proposé plusieurs modifications au projet de loi Maudet, qui doivent être discutées par les élus du canton : l’objectif est de sortir les taxis du statu quo, de multiplier les sources de revenus et de leur permettre de mieux travailler comme taxi … et comme VTC.

 

https://www.youtube.com/watch?v=7Lue8GZD5mI