Les experts d’Uber dévoilent leurs prévisions pour 2021 concernant les déplacements professionnels

En 2020, le monde s’est arrêté. Le télétravail est devenu la norme, les restaurants ont temporairement baissé le rideau et les déplacements professionnels et personnels se sont arrêtés net. Les données recueillies par la Global Business Travel Association (GBTA) montrent que, l’an dernier, 93 % des entreprises ont interrompu les voyages internationaux de leurs collaborateurs et 72 % ont annulé les déplacements à l’intérieur du territoire.

La question de la reprise du rythme qui prévalait avant la pandémie de COVID-19 ne fait pas l’unanimité parmi les dirigeants, mais avec la progression de la vaccination, le monde commence lentement à se remettre en mouvement. Nous nous sommes entretenus avec Physititia Grant, responsable internationale des déplacements et des frais professionnels, et Terrence Donovan, gestionnaire des fournisseurs de voyages chez Uber. Ils nous ont présenté l’approche d’Uber en matière de déplacements professionnels ainsi que leurs prévisions quant à la reprise de l’activité dans ce domaine et les innovations à venir pour aider les entreprises du secteur du tourisme à s’adapter à un monde post-COVID-19.

Physititia Grant : La culture de l’entreprise étant majoritairement axée sur les échanges en personne, le nombre de déplacements était assez élevé. Avant la COVID-19, lorsqu’une personne intégrait l’entreprise, elle devait se rendre là où sa formation était dispensée au cours des trois premiers mois. Je dirais qu’environ 70 % des effectifs se déplaçaient régulièrement avant la pandémie.

Terrence Donovan : Ces 70 % de collaborateurs représentent un chiffre considérable dans le secteur. Uber attache une grande importance à l’esprit de coopération, c’est pourquoi nous souhaitons que les gens se rencontrent, en personne, pour collaborer avec d’autres équipes dans des espaces différents.

Quand j’ai commencé, en 2018, le nombre de déplacements augmentait chaque année. Nous recrutions sans cesse plus de collaborateurs, ce qui signifiait également plus de mouvements. Avec la pandémie, tout s’est arrêté. Nous avions enregistré des chiffres exceptionnels en 2019, puis ça a été la chute avec une baisse de 90 % des dépenses et des transactions.

PG : Nous avions un devoir de protection et nous nous sommes concentrés sur ce point. Cela représentait un énorme travail. Les restrictions changeaient tous les jours. Notre communication et nos efforts devaient se focaliser sur la sécurité. Des gens étaient bloqués à l’extérieur de leur pays. Nous devions faire en sorte que tout le monde puisse rentrer chez soi en toute sécurité. Peu de temps après, nous avons mis en place une politique pour limiter la circulation à l’essentiel, afin que les collaborateurs ne se déplacent que lorsque leur présence était jugée indispensable aux activités de l’entreprise. Cette politique est toujours en vigueur.

TD : Nous avons ensuite dû nous assurer que tout ce qui avait été planifié (annulation des billets, réservations, etc.) était correctement géré. Nous avons dû trouver des moyens de conserver et d’organiser tout ce que nous pouvions. Si nous n’obtenions pas de remboursement, nous devions veiller à ce que la réservation soit transférée vers un revendeur de billets, sur un profil professionnel ou une carte de compagnie aérienne, ou convertie en bon. Nous devions tout gérer et faire en sorte que l’entreprise ne soit pas lésée.

PG : L’équipe de direction [d’Uber] souligne à quel point la culture de notre entreprise est basée sur la collaboration à l’échelle mondiale. Nous voulons voir les gens, interagir et collaborer avec eux. Pour y parvenir, rien ne vaut un échange en personne. Nombre de nos collaborateurs sont prêts à voyager et ils en ont généralement envie, en particulier en Europe et en Asie.

Nous avons donc décidé d’élaborer un plan de reprise des déplacements. Nous avons adopté une approche globale afin de mieux faire face à l’intensification de la mobilité. Nous travaillons ainsi en étroite collaboration avec d’autres équipes d’Uber, notamment dans les domaines de la santé et de la sécurité au travail ou lors de déplacements ainsi que dans le secteur de l’immobilier.

Nous avons comparé notre plan à celui d’autres entreprises technologiques dont les effectifs sont similaires à ceux d’Uber. Nous partageons les bonnes pratiques et nous nous intéressons à ce que font les autres. Lorsque nous recommencerons à nous déplacer, nous devrons constamment améliorer nos processus, dans la mesure où les choses sont susceptibles de changer très rapidement.

Nous avons également consulté notre service financier, car les déplacements nécessitent de disposer d’un certain budget.

Je suis membre de la GBTA, et nous avons récemment demandé aux acheteurs leur avis à ce sujet. Il se trouve que les budgets sont assez faibles par rapport à ceux de 2019, voire inexistants.

L’accent a en effet été mis sur la collaboration et les réunions virtuelles. Les choses sont susceptibles de s’améliorer au second semestre, surtout en ce qui concerne les déplacements nationaux. Les réunions et événements de faible ampleur pourraient également reprendre, mais toujours à l’intérieur des frontières. Au vu des caractéristiques démographiques de nos collaborateurs, je pense que nous allons probablement assister à une augmentation des déplacements plus rapide qu’ailleurs, d’autres entreprises ne souhaitant peut-être pas renouer avec la mobilité aussi rapidement.

TD : Par exemple, nous surveillons de près les documents que les voyageurs doivent présenter avant de monter à bord d’un avion. Nous nous intéressons également à la viabilité des politiques appliquées et à la manière dont les compagnies aériennes comptent gérer l’augmentation de la mobilité dans les mois à venir.

Dans l’ensemble du secteur, les déplacements régionaux et nationaux vont probablement reprendre au deuxième trimestre, et une intensification des déplacements internationaux est à prévoir d’ici la fin du quatrième trimestre. Mais encore une fois, tout cela est hypothétique et dépend du déploiement des vaccins, des politiques des compagnies aériennes et des réglementations frontalières.

TD : J’ai récemment rencontré des responsables du groupe Hilton. Ils sont en train de bouleverser le fonctionnement des espaces de réunion virtuels et hybrides ainsi que la manière dont les gens les perçoivent. Ils sont très créatifs et ont été en mesure d’organiser quelques événements vraiment réussis. Leur succès repose entièrement sur leur inventivité. Ils s’efforcent d’attirer l’attention des gens, de les fidéliser, et leur programme CleanStay va également changer la donne.

Les choses vont aussi être différentes dans les aéroports. Le programme PreCheck (ou « précontrôle ») de la TSA (Transport Security Administration) va évoluer. Les modifications apportées vont déterminer à quoi ressemblera le transport aérien lorsque le nombre de voyageurs augmentera et que tous auront besoin de présenter des résultats de tests. La TSA essaie de mettre au point des procédures afin de pouvoir gérer de plus en plus de personnes, tout en respectant l’ensemble des vérifications à prendre en considération. La période qui s’annonce va certainement être très intéressante, et nous apprenons et testons déjà beaucoup de choses en ce moment.

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